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Réflexions sur le drame en Norvège

30 juillet 2011

Ce que suscite la tragédie norvégienne au sein des médias et plus largement, au sein du public, me paraît bien banal et tellement limité.

 

 

Cette histoire éveille l’émotion pour la plupart, elle vient bien à point pour certains politiques, elle relance le débat des extrémistes, elle permet une fois de plus d’accuser le virtuel (et ce n’est pas tout à fait faux), elle interroge sur le port d’armes, elle fait dresser des portraits psychologiques de malades semblables, bref, elle fait beaucoup réagir mais assez peu réfléchir, à mon avis, quant aux « racines » que peut avoir un tel drame.

On évoque essentiellement les problèmes suivants : l’extrémisme, l’enfermement dans le virtuel, les réseaux dangereux, la folie etc. Il ne s’agit là que de « symptômes » dont on peut parler et écrire encore, mais cela ne fera qu’abreuver notre soif d’émotions ou augmenter notre angoisse dans ce monde décrit par tant comme horrible et invivable.

Cette tragédie, ne pourrait-elle pas plutôt nous servir à réfléchir au pourquoi de l’existence de telles monstruosités et au comment nous pourrions éventuellement les éviter ? Certes, pas toutes, mais au moins quelques-unes. Cela reviendrait à tirer un peu de bien de tout ce mal.

Plutôt donc que de parler des « symptômes » que j’évoquais plus haut, essayons d’en comprendre l’origine. Quand on parle du cancer, bien sûr il peut être utile de savoir sous quelles formes il apparaît, mais n’est-il pas plus constructif encore, et surtout moins mortifère, de savoir comment nous pouvons l’éviter ?

Les atrocités de ce jeune homme norvégien, Anders Behring Breivik, son isolement social, son enfermement dans le virtuel, son narcissisme excessif ou encore son goût pour le morbide, sont aussi le reflet (exacerbé) et le résultat d’une société (réelle et virtuelle) dont nous faisons tous partie.

Sans vouloir tomber dans l’interprétation rapide et facile ou faire de la psychologie « à deux sous », il me semble tout de même important, suite à ce drame, de reparler du fondement de notre société qu’est la famille.

Cette tragédie peut nous rappeler que nous ne pouvons pas nous construire tout seul, que nous avons tous besoin d’une famille, d’un père et d’une mère ou de tuteurs généreux dans la transmission de valeurs essentielles dont le respect de la vie.

Personnellement, j’ai été très choquée en lisant les mots du père d’Anders, Jens Breivik (La Libre Belgique du mardi 26/07).

Qu’il ne voit plus son fils depuis plus de 15 ans, c’est triste et très peu responsable, mais qu’il affirme publiquement que son fils « aurait dû finir par se donner la mort plutôt que de tuer tant de personnes », me paraît tout autant tragique que les actes d’Anders. De telles paroles pourraient nous paraître justes vu l’étendue du carnage œuvré par son fils. Mais il faut le dire clairement ; une telle réaction est malsaine et dangereuse.

Un fils n’est pas un objet dont on peut se défaire et dont on peut espérer la mort s’il nous dérange un jour. Anders est une personne humaine comme toutes celles tuées par lui. N’ayant manifestement pas conscience de la valeur qu’a l’être humain, Anders trouve tout à fait normal et juste, au regard de « sa mission », de les avoir abattues froidement.

Il se devait d’éliminer ces personnes qui le dérangeaient dans ses idées politiques comme d’aucuns dans notre société décident qu’il est bon d’éliminer (par avortement ou euthanasie) certains êtres humains dérangeants par leur handicap ou leur fragilité. Le droit à la vie est mis à mal. Qui peut décider de la vie ou de la mort d’un être humain ?

Finalement, Anders, ne s’octroie-t-il pas tout simplement ce droit comme bien d’autres aujourd’hui ?

Une culture de la mort ne fera qu’engendrer plus de morts et de drames de ce genre. Il est urgent de dire « oui » à la vie humaine, « oui » à la famille où prend source toute vie humaine, « oui » au soutien de la famille, afin que celle-ci puisse transmettre correctement le respect et l’amour de la vie.

Isabelle de Mol-Di Lodovico est psychologue et psychothérapeute. Elle est mariée et mère de trois enfants.