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Peine de mort, bonne et mauvaise

3 septembre 2015

Le prisonnier Daniel Lee López, condamné à la peine capitale en 2010, ne voulait pas prolonger son séjour dans le couloir de la mort de la prison de Huntsville, au Texas. C’est ainsi qu’il décida de ne pas aller en appel et qu’il demanda au juge fédéral d’en finir au plus vite avec le procès. Le tribunal a accepté sa demande et il a été exécuté le 12 août dernier.

Le prisonnier hispanique, âgé de 27 ans, avait été condamné à mort en 2010 pour l’assassinat d’un policier en 2009. Il avait d’abord agressé un policier qui tentait de l’arrêter pour une infraction au code de la route. Et dans sa fuite éperdue, il en a heurté et tué un autre qui était en train de poser un dispositif sur la route pour bloquer sa voiture.

Pour Lee López, il était clair qu’une vie derrière les barreaux ne valait pas la peine d’être vécue. Pour cette raison, au cours du procès, il a renoncé à passer un accord avec le procureur par lequel il aurait obtenu la détention perpétuelle en échange d’une déclaration de culpabilité. Il a aussi dû se battre contre l’idée de ses avocats commis d’office, qui ont introduit un recours auprès du Tribunal Suprême en alléguant que López souffrait d’un trouble mental sévère. Il ne voulait pas qu’il lui arrive la même chose qu’à d’autres prisonniers du couloir de la mort, qui épuisent tous les recours possibles pour sauver leur vie, au prix d’une attente de 15 à 20 ans. Cela n’était pas une vie pour lui.

Et il a obtenu que l’on respecte sa décision. Le 12 août dernier, il est devenu le dixième prisonnier à recevoir l’injection létale cette année au Texas, l’état américain qui est toujours en tête de ce peloton macabre. Pour López, ce fut comme un suicide assisté, pour éviter une vie derrière les barreaux qui lui paraissait indigne.

Il a été exécuté par injection létale de pentobarbital sodique, un barbiturique utilisé comme anesthésique, mais qui, à dose élevée, cause la mort par arrêt cardio-respiratoire.

Curieusement, c’est le même produit pharmaceutique que celui utilisé en Belgique et aux Pays-Bas pour l’euthanasie légale. C’est ce qui apparaît dans un article de six médecins importants, sous la direction de Lieve Thienpont, tous défenseurs bien connus de l’euthanasie, publié par le British Medical Journal du 28 juillet dernier. L’article analyse 100 demandes d’euthanasie de patients présentant des problèmes psychiatriques, sans être toutefois des malades terminaux ni souffrir de douleurs physiques. Ce sont des malades avec des troubles dépressifs, qui considèrent que leur vie n’a plus de sens. Et l’ouverture croissante du champ d’application de la « bonne mort » en Belgique permet aux médecins d’appliquer l’injection létale pour que ces malades « meurent dans la dignité ».

L’instrument de mort par injection létale est le même, tant pour la peine capitale que pour la peine de mort auto-infligée. Mais l’Union Européenne veille au grain. Pour enrayer la peine de mort imposée par l’Etat, elle a défendu en 2011 la vente du pentobarbital sodique aux Etats-Unis. Cette mesure a provoqué des problèmes d’approvisionnement dans les états qui pratiquent encore la peine de mort, et qui ont exécuté 35 personnes en 2014. Même Lee López aurait pu rencontrer des difficultés pour que l’on mette en œuvre sa dernière volonté.

Par contre, la Belgique n’a rien fait pour empêcher d’utiliser ce même produit létal sur son propre territoire pour l’euthanasie légale, qui a emporté 1.816 personnes en 2013. Peut-être que le pentobarbital sodique possède un effet anesthésiant sur la conscience.

Ignacio Aréchaga est le directeur de l’agence Aceprensa. Cet article a été publié sur le site de cette agence. Source : https://blogs.aceprensa.com/elsonar/pena-de-muerte-mala-y-buena/. Ce texte a été traduit de l’espagnol par Stéphane Seminckx.