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L’actualité scientifique sur les dangers de la pilule

20 mars 2018

Une étude publiée dans The New England Journal of Medicine confirme le risque plus élevé de cancer du sein et d’autres types de cancer pour les femmes qui utilisent des contraceptifs hormonaux. Une autre étude, publiée dans l’American Journal of Psychiatry met ces substances en lien avec l’augmentation du suicide et des tentatives de suicide.

 

L’un des changements récents les plus radicaux dans la pratique médicale a été le déclin brutal de l’enthousiasme pour les hormones féminines (œstrogènes et progestagènes). On pensait que pour la femme en ménopause, chez qui la production naturelle d’hormones s’arrête, on pouvait obtenir de grands bénéfices par une thérapie substitutive au moyen de pilules contenant ces hormones.

La surprise fut colossale lorsqu’en 2002, on a dû arrêter prématurément le plus grand essai clinique jamais réalisé avec des hormones féminines en raison d’une augmentation du cancer du sein (26% de plus qu’avec un placebo), des infarctus du myocarde (29% de plus avec les hormones) et les accidents vasculaires cérébraux (41% de plus avec les hormones). Désormais, on ne recommande plus le traitement de routine avec ces hormones.

Les hormones exogènes utilisées dans la ménopause n’ont d’autre prétention que de substituer les hormones naturelles. D’autres hormones du même type sont utilisées comme contraceptifs chez des femmes en âge de procréer. Elles doivent être beaucoup plus puissantes car elles ne prétendent pas substituer les hormones endogènes, mais empêcher leur production naturelle. Elles ont habituellement une puissance six fois supérieure. Cette dose exogène élevée contenue dans les contraceptifs inhibe l’ovulation et bloque d’autres processus physiologiques normaux.

Les contraceptifs sur la sellette

Depuis que les hormones exogènes utilisées dans la ménopause sont tombées en disgrâce, les études sur l’appréciation des risques des contraceptifs ont connu un intérêt croissant. Cette appréciation est très importante vu le nombre très important de femmes — plus de 100.000.000 — qui les utilisent habituellement à travers le monde. C’est pourquoi une augmentation même modeste du risque individuel peut se traduire en des milliers de cas liés à ces hormones.

Beaucoup d’études épidémiologiques ont déjà associé de façon consistante l’usage de contraceptifs combinés (œstrogènes et progestagènes) avec un risque majoré de cancer du sein. Il est admis depuis des années qu’il existe un risque plus élevé de ce type de cancer pour les consommatrices actuelles ou récentes. Cet effet s’observait surtout chez des femmes de moins de 35 ans qui avaient commencé à prendre des contraceptifs avant l’âge de 20 ans et avant la première grossesse menée à terme.

Cancer du sein

Une nouvelle étude, publiée en décembre 2017 dans The New England Journal of Medicine (Mørch LS, Skovlund CW, Hannaford PC, Iversen L, Fielding S, Lidegaard Ø. “Contemporary Hormonal Contraception and the Risk of Breast Cancer”. N Engl J Med 2017 ; 377:2228-39), a suivi une population immense avec d’excellents critères méthodologiques. A mon avis, cette étude sera difficilement dépassée à l’avenir par d’autres recherches sur les contraceptifs et le cancer du sein.

On a suivi de façon prospective presque 1.800.000 femmes de tout le Danemark, des femmes ne souffrant initialement ni de cancer ni de thrombose veineuse (un autre risque certain des contraceptifs), et qui n’avaient pas été traitées pour infertilité. Pendant une moyenne de 11 années de suivi, on a identifié 11.517 nouveaux cas de cancer du sein. On a observé 20% de cancer du sein supplémentaires en termes relatifs parmi des consommatrices actuelles ou récentes de contraceptifs que parmi des non-consommatrices.

Cette augmentation significative du risque augmentait si elles avaient pris des contraceptifs plus longtemps, avec un accroissement relatif du risque de 38% si elles en avaient pris durant 10 ans ou plus. Le risque élevé de cancer du sein persistait après avoir cessé de prendre la pilule, si elle avait été utilisée au moins pendant 5 ans. Les contraceptifs les plus récents augmentaient le risque de cancer du sein au même titre que les plus anciens. Aucune préparation contraceptive n’était exempte de risque.

D’autant plus de risques qu’il y a de consommatrices

Certains secteurs de la communauté scientifique ont réagi à cette étude très sérieuse par des interprétations qui prétendaient se concilier la Big Pharma et être politiquement correctes, mais qui soulèvent beaucoup de questions dans une saine perspective de santé publique. On commence par avancer que le risque individuel est petit et que, par exemple, les contraceptifs ne seraient responsables sur base annuelle que d’un nouveau cas de cancer du sein par 7.690 consommatrices. Et l’on en déduit que les 7.689 autres ne présenteraient aucun risque individuel malgré le fait de consommer des contraceptifs.

Mais cette façon de raisonner est diamétralement opposée à celle qui est exigée en santé publique. Celle-ci demande de regarder toute la population et l’effet à l’échelle de la population d’un facteur de risque, et pas seulement à l’échelle individuelle. S’il y a environ 150.000.000 de consommatrices de contraceptifs à travers le monde, chaque année s’additionneraient 20.000 cas nouveaux supplémentaires de cancer du sein dus au seul usage de contraceptifs. Si on applique cela à des femmes de plus de 40 ans, comme les risques absolus sont plus grands, le nombre de cas liés aux contraceptifs sera encore plus grand.

Raisonner ainsi, c’est-à-dire dans une perspective de population, est la manière correcte de penser, toujours d’application en santé publique. Par exemple, pour l’exposition passive à la fumée du tabac et le risque de cancer du poumon, il est évident que le risque individuel est très petit, mais comme il y a tant de gens exposés à la fumée d’autrui, on a considéré que l’effet à l’échelle des populations était très important. C’est pourquoi on a pris des mesures de santé publique. Pourquoi faudrait-il appliquer d’autres critères quand il s’agit d’un problème d’ordre sexuel ? Les critères habituels ne sont-ils plus valables et nous, les scientifiques, devons-nous nous soumettre servilement au totalitarisme idéologique de la révolution sexuelle globale ?

Autres cancers et maladies cardio-vasculaires

Une autre interprétation partiale consiste à dire que, bien qu’il y ait une augmentation du risque de cancer du sein, on peut aussi prévenir d’autres cancers. Il est un fait que les contraceptifs réduisent beaucoup le risque de cancer de l’ovaire, un peu celui de l’utérus et peut-être le cancer colorectal. Mais ils augmentent aussi le cancer du foie et du col de l’utérus (ou de l’anus) par une action synergique avec le virus du papillome humain. Les cancers qui sont produits par les contraceptifs (sein, col de l’utérus) sont ceux qui causent le plus de décès de femmes à travers le monde (522.000 et 266.000, respectivement). Il ne faut pas oublier non plus le risque majoré de cancer du foie.

La combinaison d’œstrogènes et de progestagènes utilisée dans les contraceptifs produit des cancers chez les animaux d’expérience. L’Agence Internationale pour la Recherche sur le Cancer (IARC) conclut que, bien qu’il n’y ait pas de risque associé aux contraceptifs pour les cancers de l’endomètre et les cancers colorectaux, et malgré le fait que les contraceptifs préviennent le cancer de l’ovaire, il est certain qu’il existe des preuves suffisantes chez l’être humain du caractère carcinogène des contraceptifs combinés (œstrogènes-progestagènes) et il est définitivement établi qu’ils augmentent le risque de cancer du sein, du col de l’utérus et du foie (c’est pourquoi on les classe comme substance carcinogène du groupe 1).

Avant même le cancer, la première cause de mortalité dans le monde sont les maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde et accident vasculaire cérébral) dont le nombre augmente clairement (de 60%) avec la prise de contraceptifs. Il ne faut jamais les oublier, car elles ont le plus de poids dans tout bilan de risques et de bénéfices. Curieusement, personne ne semble s’être rappelé d’elles dans les commentaires à l’étude publiée dans The New England Journal of Medicine.

Risque de suicide

Un mois auparavant, l’American Journal of Psychiatry publiait une autre macro-étude (Skovlund CW, Mørch LS, Kessing LV, Lange T, Lidegaard Ø. “Association of Hormonal Contraception With Suicide Attempts and Suicides”. Am J Psychiatry 2017. Nov 17 [epub ahead of print]), également d’un haut niveau de qualité scientifique, basée cette fois sur une population de presque 500.000 femmes suivies pendant plus de 8 ans. Cette étude a constaté une forte augmentation du risque de suicide (et de tentative de suicide) en lien avec l’usage de contraceptifs. Ces résultats sont cohérents avec le risque majoré (spécialement chez les filles plus jeunes) de survenue d’épisodes de dépression quand elles s’exposent à l’usage de contraceptifs, comme l’a publié le JAMA Psychiatry en 2016.

Comme l’indiquent bien les auteurs, une partie de ces effets psychiatriques négatifs peut s’expliquer par la conduite sexuelle de certaines femmes qui ingèrent des contraceptifs, mais il semble y avoir également un fondement plus biochimique en lien avec l’intense « bombardement » externe par les hormones stéroïdiennes, qui exercent des effets néfastes sur différentes zones du cortex cérébral.

Toutes ces découvertes se situent à la pointe de la science épidémiologique actuelle. Elles invitent à lire à nouveau attentivement ce que Paul VI a écrit courageusement dans Humanae Vitae, une encyclique dont on célébrera le 50ème anniversaire en 2018. Relire aujourd’hui Humanae Vitae — un document très bref — permet de remettre dans leur contexte les alternatives à la pilule et la mentalité contraceptive, qui a fait tant de tort. En la relisant, on voit combien la vision de Paul VI en 1968 fut pertinente. En fin de compte, les épidémiologistes danois nous décrivent les milliers de décès que l’on aurait pu éviter seulement en suivant les conseils d’Humanae Vitae.

Miguel A. Martínez-González est Professeur de Médecine Préventive et de Santé Publique à l’Université de Navarre (Espagne). Il est également Professeur adjoint à la Harvard TH Chan School of Public Health. Le titre original de l’article est : Dos macroestudios confirman los riesgos de los anticonceptivos hormonales (Deux macro-études confirment les risques des contraceptifs hormonaux). Il a été publié sur http://www.aceprensa.com/articles/dos-macroestudios-confirman-los-riesgos-de-los-anticonceptivos-hormonales/ où le lecteur trouvera l’ensemble des références scientifiques de l’article. Ce texte a été traduit de l’espagnol par Stéphane Seminckx.