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Lumière du monde

31 décembre 2010

Le pape Benoît XVI nous a surpris avec la parution, il y a quelques semaines, d’un livre-entretien avec Peter Seewald, « Lumière du monde » (Bayard, Montrouge 2010)

 

Lorsqu’au début de l’été 2010, on a annoncé que le pape Benoît XVI renonçait à ses vacances dans le Val d’Aoste pour cause de travail et d’étude, il était déjà possible de faire une liste de ce qui figurait à son programme : l’exhortation apostolique sur la Parole du Seigneur, la préparation du synode sur le Moyen-Orient, la rédaction du 3ème livre sur Jésus de Nazareth (le 2ème livre sortira au printemps 2011), sans compter tout ce que nous ignorons.

Et voici que se présente à nous l’inattendu : « Lumière du monde », fruit d’un entretien du pape avec un journaliste et écrivain allemand, Peter Seewald, en juillet à Castel Gandolfo.

La lumière dont il est question est bien celle qu’annonçait le vieillard Siméon, celle qui éclaire les nations (Lc 2, 32), celle qui en venant dans ce monde, illumine tout homme (Jn 1, 9). Et il est certain que nous en avons bien besoin de cette lumière : Que se passe-t-il donc ? Tous les jours, les critiques pleuvent sur les prêtres, les évêques, le pape, les chrétiens, sur l’Église, car l’Église, c’est nous tous comme l’enseigne le Concile de Vatican II (Lumen Gentium 32). Sommes-nous vraiment tous responsables de tout devant tous ? Qui va nous défendre devant ce tribunal planétaire ?

Le pape est bien conscient de ce désarroi et au-delà du pape, c’est le Paraclet qui va nous défendre et qui vient confondre le monde (Jn 16, 8).

Le livre commence par une citation du Psaume 53, le seul psaume qui est répété dans la Bible (au Psaume 14), et cette répétition n’est pas un hasard, mais plutôt une nécessité. Le premier verset donne un diagnostic terrible : « L’insensé a dit en son cœur : Il n’y a pas de Dieu ». Là se trouve la racine du mal qui ronge le monde et une certaine partie de l’Église. Avons-nous perdu le sens ? Pourquoi ne pas essayer de nouveau avec Dieu ? (page 107).

Le pape répond aux questions qui lui sont posées, il ouvre son cœur. De ces réponses émane une clarté réconfortante, mais il faut pour cela mettre en pratique ce qui nous concerne plus directement, car le Saint Père ne nous mâche pas toutes les solutions. Je citerai trois domaines plus particuliers.

D’abord, l’enseignement de la foi. Question : Comment est-il possible que dans de nombreux pays occidentaux, tous les écoliers étudient pendant de longues années la religion catholique, mais sans connaître au bout du compte les caractéristiques fondamentales du catholicisme ? Réponse du pape : « C’est incompréhensible » (page 186).

A nous, parents croyants, de réfléchir sur la manière de transmettre notre « patrimoine » à nos enfants sans en perdre plus de la moitié.

Ensuite, une autre problématique : Le créateur a fait les humains hommes et femmes, dit Jésus, et ce que Dieu a noué, l’homme ne doit pas le défaire. (page 190) Commentaire du pape : « Jusqu’ici, le droit canonique supposait qu’une personne qui se mariait le faisait en connaissance de cause, en sachant ce qu’est le mariage. Quand cette connaissance est effective, le mariage est valide et indissoluble. Dans la confusion actuelle des opinions, ce que l’on sait”, c’est plutôt qu’il est normal de rompre le mariage…Garder comme critère ce qui est difficile, voilà une mission qu’il faut remplir si l’on veut éviter de nouvelles chutes. »

C’est une mission qui incombe à chaque couple, qui concerne chaque personne qui veut se marier, pas seulement les sociologues, catholiques ou non.

Enfin, à une longue observation de Peter Seewald sur les comportements sexuels contemporains (page 192), le pape donne une réponse qui pourrait s’appliquer à de nombreux autres domaines, sinon à tous : « Il est déjà suffisamment grave que les enquêtes d’opinion deviennent la norme des décisions politiques, et qu’on regarde toujours autour de soi pour savoir où trouver le plus de partisans, au lieu de poser la question : “Qu’est ce qui est juste ?” Les résultats des sondages sur nos attitudes et notre manière de vivre ne constituent donc pas en soi la norme du vrai et du juste. »

Cette dernière phrase me semble d’une extrême importance. C’est une version actualisée de ce que Saint Paul écrivait déjà aux Romains (12, 2) : « Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre jugement pour discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bien, ce qui Lui plaît, ce qui est parfait. »

Dans beaucoup d’autres domaines, le pape apporte la lumière : les abus sexuels, le cas Williamson, les relations avec le judaïsme et l’islam.

Trois annexes présentent des textes et des paroles du pape : la lettre aux catholiques d’Irlande, un extrait du discours de Ratisbonne, un extrait d’une interview au cours du vol pour le Cameroun en mars 2009. On pourra ainsi confronter les informations diffusées par certains médias à ce que le pape a réellement dit. Surprises…

Merci, Saint-Père d’avoir consacré du temps à ce livre pendant l’été dernier. C’est pour nous que vous l’avez fait, c’était du bon temps, du « prime time ».

Georges Rouel est ingénieur civil. Il est le responsable du didoc shop pour les livres en français.

Le livre est disponible sur didoc shop: Lumière du monde