Récemment, le pape a été interrogé sur les raisons de l’espérance qu’il nourrit pour l’Europe. Nous publions ici sa réponse.
Le premier motif de mon espérance consiste dans le fait que le désir de Dieu, la recherche de Dieu est profondément inscrit dans chaque âme humaine et ne peut pas disparaître. Pendant un certain temps, on peut assurément oublier Dieu, le mettre de côté, s’occuper d’autres choses, mais Dieu ne disparaît jamais. Ce que dit saint Augustin est tout simplement vrai, à savoir que nous les hommes sommes inquiets tant que nous n’avons pas trouvé Dieu. Cette inquiétude existe aujourd’hui encore. C’est l’espérance que l’homme se mette toujours à nouveau, même aujourd’hui, en chemin vers Dieu.
Le deuxième motif de mon espérance consiste dans le fait que l’Evangile de Jésus Christ, la foi dans le Christ est simplement vraie. Et la vérité ne vieillit pas. On peut l’oublier elle aussi pendant un certain temps, on peut trouver d’autres choses, on peut la mettre de côté, mais la vérité comme telle ne disparaît pas. Le temps des idéologies est compté. Elles semblent fortes, irrésistibles, mais après une certaine période, elles se consument, elles n’ont plus de force en elles, car il leur manque une vérité profonde. Ce sont des parcelles de vérité, mais à la fin elles sont consumées. En revanche, l’Evangile est vrai, et il ne se consume donc jamais. A chaque période de l’histoire apparaissent ses nouvelles dimensions, apparaît toute sa nouveauté, lorsqu’il répond aux exigences du cœur et de la raison humaine qui peut marcher dans cette vérité et s’y trouver. Et, précisément pour cette raison, je suis donc convaincu qu’il existe aussi un nouveau printemps du christianisme.
On peut voir un troisième motif empirique dans le fait que cette inquiétude tourmente aujourd’hui la jeunesse. Les jeunes ont vu tant de choses — les propositions des idéologies et du consumérisme — mais ils perçoivent le vide de tout cela, son insuffisance. L’homme est créé pour l’infini. Tout ce qui est fini est trop peu. C’est pourquoi nous voyons que, précisément chez les nouvelles générations, cette inquiétude se réveille à nouveau et qu’elles se mettent en marche, et ainsi il y a de nouvelles découvertes de la beauté du christianisme ; pas un christianisme à bas prix, en réduction, mais dans sa radicalité et sa profondeur. Il me semble donc que l’anthropologie en tant que telle nous indique qu’il y aura toujours de nouveaux réveils du christianisme et les faits le confirment en un mot : fondement profond. C’est le christianisme. Il est vrai, et la vérité a toujours un avenir.
L’interview date du 15-10-12. Source : « L’Osservatore Romano », édition hebdomadaire en langue française, 18-10-12, numéro 42, page 1.