Nous reproduisons ici partiellement un article de l’agence Aceprensa qui se fait l’écho d’un livre de Philip Jenkins , professeur d’histoire et d’études religieuses à l’Université d’Etat de Pennsylvanie.
Quelle est l’incidence du problème d’abus sexuels d’enfants mineurs de la part du clergé ?
— Le professeur Philip Jenkins n’est pas catholique. Il est l’auteur du livre Pédophiles et prêtres (Oxford University Press, 1996). Il y reprend une étude sur le diocèse de Chicago, couvrant les données relatives à 2.200 prêtres ayant servi dans le diocèse entre 1963 et 1991. L’on y considérait comme mauvaise conduite, non pas une condamnation devant les tribunaux, mais l’avis qu’une accusation donnée était probablement justifiée. « Avec ce faible niveau d’exigence —rapporte Jenkins—, le rapport est arrivé à la conclusion que 40 prêtres, soit environ 1,8% du total, s’étaient probablement montrés coupables de mauvaise conduite envers des mineurs à un moment de leur vie sacerdotale. En d’autres termes, il n’y avait aucune preuve à l’encontre de plus de 98% du clergé paroissial. Etant donné que d’autres organisations travaillant avec des enfants n’ont pas réalisé d’étude d’une telle extension, nous ne pouvons pas savoir si l’incidence dans le clergé catholique est plus élevée ou plus faible que parmi les professeurs, les assistants sociaux ou les moniteurs de scouts ».
S’agit-il d’un problème spécifique ou plus grave dans l’Eglise catholique que dans d’autres ?
— Malgré le fait que l’attention se soit concentrée sur l’Eglise catholique, « la majorité des églises d’Amérique du Nord contre lesquelles des accusations d’abus sexuels envers des mineurs ont été lancées sont protestantes, et la majorité des personnes accusées ne sont ni des membres du clergé ni des dirigeants, mais des volontaires » . Voilà ce que rapporte The Christian Science Monitor (avril 2002), revue reconnue pour sa rigueur, se faisant écho des données contenues dans les rapports nationaux publiés chaque année par le Christian Ministry Resource (CMR).
Le CMR réalise une enquête nationale dans 1.000 institutions ecclésiastiques (congrégations, paroisses, …) et, depuis 1993, il a également enquêté sur des dénonciations d’abus sexuels. En moyenne, 1% des congrégations interrogées ont rapporté des cas d’abus de ce type. « Les catholiques ont accaparé toute l’attention des moyens de communication, mais ce problème est plus important dans les églises protestantes, tout simplement parce qu’elles sont beaucoup plus nombreuses » , rapporte James Cobble, directeur exécutif du CMR. Des 350.000 églises des Etats-Unis, 19.500 sont catholiques (5%).
Les conclusions du CMR révèlent également que « les abus sont plus fréquents dans le chef des volontaires (qui apportent leur aide aux églises), que dans celui des membres du clergé ou des dirigeants. Et, plus surprenant, les mineurs sont accusés d’abus envers d’autres mineurs avec la même fréquence que les membres du clergé et les dirigeants. En 1999, par exemple, 42% des auteurs présumés d’abus étaient des volontaires, 25% des professionnels des églises (en ce compris les membres du clergé), et 25% d’autres mineurs ».
21 % des cas ont été résolus par sentence judiciaire ou par des accords extra-judiciaires.
L’exigence du célibat sacerdotal peut-elle favoriser des conduites sexuelles déviantes ?
— Philip Jenkins explique dans des déclarations reprises dans First Things (mai 2002) : « Mes recherches autour de ces cas pendant les vingt dernières années indiquent qu’il n’y a aucune preuve que les prêtres catholiques ou d’autres clercs célibataires soient plus enclins à une mauvaise conduite ou à des abus que les membres du clergé de n’importe quelle autre église, ou que les laïcs. Même si certains médias voient dans cette affaire une crise du célibat, rien ne permet de le prouver » .
Source: http://www.aceprensa.com/articulos/2010/mar/11/celibato-sacerdotal-y-abusos-sexuales/. Cet article a été traduit de l’espagnol par Bruno Debois .