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De la Messe à la vie

1 avril 2011

Récemment est parue la version française du livre que le prélat de l’Opus Dei a consacré à la messe. La revue italienne Famiglia Cristiana a eu entretien avec lui, à propos de cet ouvrage.

 

 

Au siège central de la prélature de l’Opus Dei à Rome (Viale Bruno Buozzi 75) où, dans l’église Sainte Marie de la Paix repose le fondateur de l’Œuvre Josémaria Escrivá de Balaguer, nous rencontrons son successeur, l’évêque Javier Echevarría, à l’occasion de la publication de son livre Vivre la Messe.

— Monseigneur Echevarría, mettre la Messe au centre de sa journée c’est un beau défi, aujourd’hui. Pourquoi en vaut-il la peine et quel est le secret pour bien la vivre ?

La Messe est action de Dieu, qui nous permet de participer à la passion, à la mort et à la résurrection du Christ non comme des spectateurs, comme des observateurs, mais plutôt comme des co-protagonistes. C’est pourquoi, dans le titre du livre j’ai choisi le terme « vivre » la sainte Messe, parce qu’il exprime bien l’implication totale, humaine et spirituelle, que la Messe exige.

— Dans votre livre, vous parlez du risque du ritualisme : comment le dépasser ?

Le ritualisme c’est oublier le contenu de ce qui se passe sur l’autel. Que ferions nous si l’on nous disait : « Tu as la possibilité d’être au Calvaire à côté de Jésus » ? Ou bien : « Aujourd’hui tu rencontreras le Christ ressuscité » ? Comment nous préparerions-nous à la Messe ?

— Vous avez vécu plus de vingt ans aux côtés de saint Josémaria: qu’est-ce qui vous a fasciné le plus de sa personnalité?

Saint Josémaria savait aimer les personnes de manière extraordinaire. Un regard lui suffisait pour comprendre les besoins de chacun, avec ce type d’intuition qui est presque une exclusivité des mères. En même temps, c’était un vrai père : il n’y avait rien, dans son enseignement, dont il n’eût donné lui-même l’exemple en premier. Il était évident à tous que c’était un prêtre qui cherchait constamment le Seigneur.

— Comment célébrait-il la Messe ?

Il était conscient que dans l’Eucharistie le protagoniste est le Christ et non le prêtre. Cela le conduisait à accomplir le rite fidèlement, sans chercher l’originalité, de manière à ce que seul Jésus brille. Pour lui dire la Messe était un travail, qui lui demandait un effort, parfois exténuant, tant était grande l’intensité avec laquelle il la vivait. Et dans chaque petit geste il parvenait à mettre tout le sens surnaturel de la célébration.

— La Messe se poursuit-elle dans la vie ?

Elle ne prend pas fin avec le rite. Elle nous accompagne toute le journée. Alors que la nourriture matérielle nous nourrit parce que nous la transformons en nous, l’Eucharistie, nourriture spirituelle, nous transforme en Jésus. Ainsi, nos journées, unies au sacrifice de l’autel, deviennent comme une Messe continuelle qui transforme tout ce que nous faisons — le travail, le repos, les relations familiales et sociales — en un œuvre agréable à Dieu.

— En quoi consiste l’Opus Dei?

L’Opus Dei dans l’Église a la tâche de rappeler que nous tous les baptisés sommes appelés à la sainteté à travers la normalité de la vie. Saint Josémaria disait que dans les actions les plus communes se cache quelque chose de divin et que c’est à nous de le découvrir. Aucune action humaine n’est un obstacle à l’amitié avec Dieu. Au contraire, c’est justement dans les circonstances de chaque jour que Dieu nous appelle.

— La prélature de l’Opus Dei dans le monde peut être comparée à un grand diocèse mondial dépendant directement du Pape ?

Cette affirmation pourrait donner lieu à quelques malentendus, comme si la prélature était une Église particulière séparée de l’Église locale. La prélature est au contraire au service de la communion dans les Églises locales, et le travail que réalisent le fidèles de l’Opus Dei, laïcs et prêtres, est toujours une collaboration active avec chaque diocèse. Les fidèles laïcs de l’Opus Dei dépendent aussi de l’évêque local, exactement comme les autres catholiques.

— Après le fondateur saint Josémaria Escrivá et son successeur, l’évêque Alvaro del Portillo dont le procès de béatification est en cours, vous dirigez l’Œuvre depuis 15ans : comment vivez vous cet héritage « de saints » ?

Quand on vit avec des personnes saintes, on comprend le secret de la paix du cœur : maintenir un dialogue constant avec le Seigneur. Malgré l’évidence de nos lacunes et de nos défauts, le Seigneur sera toujours à nos côtés pour y suppléer. Ce « facteur Dieu » est ce qui fait la différence dans la vie du chrétien, et qui l’immunise contre tant de peurs et d’angoisses qui affligent l’homme contemporain.

— Pouvez-vous nous raconter un épisode inédit de la vie de saint Escrivá ?

En servant la Messe de saint Josémaria, j’ai été très impressionné la première fois qu’il m’a demandé de prier pour qu’il ne s’habitue jamais à célébrer cette action si sublime. Depuis lors, il me l’a demandé souvent.

— Dans quelles directions s’étend aujourd’hui l’Opus Dei ?

Par la grâce de Dieu, il y a des fidèles et des coopérateurs de l’Opus Dei dans les endroits les plus différents du monde : des gratte-ciel de Wall Street aux favelas brésiliennes ; partout on trouve une grande soif de Dieu. En Chine, il y a des fidèles de la prélature dans plusieurs villes. L’année passée un travail apostolique stable a commencé en Indonésie et dans d’autres pays à majorité musulmane, l’Opus Dei est présent grâce à ceux qui s’y rendent pour des raisons professionnelles. Les défis ne manquent pas au Moyen-Orient, en Terre Sainte et au Liban, de même qu’en Afrique : je pense à la Côte d’Ivoire, mais aussi au Congo et au Nigeria. Partout les problèmes se résolvent avec une foi vécue de manière concrète, dans l’intérêt du bien commun, avec une attitude qui surmonte les différences.

— Comment voyez-vous la diffusion de la foi dans le monde d’aujourd’hui ?

Aujourd’hui il faut des témoins. Face au relativisme qui semble dominer en Occident, et face aussi aux divisions, aux guerres et à la pauvreté qui affligent plusieurs régions du monde, il faut des personnes capables de se retrousser les manches et de montrer la réalité de l’Évangile non avec des discours ou des théories, mais dans la vie de tous les jours.

— Quel est votre rapport avec le monde de la jeunesse ?

Quand saint Josémaria commença l’Œuvre, il n’avait autour de lui qu’un groupe de jeunes étudiants, universitaires et ouvriers. Les activités de formation avec les jeunes sont une de nos priorités. Il existe en Italie et dans le monde entier de nombreuses résidences universitaires et des centres culturels dans lesquels des garçons et des filles trouvent des occasions pour grandir humainement et spirituellement, en apprenant à étudier, à vivre une véritable amitié entre eux, à enrichir leur personnalité en acquérant également un esprit critique vivace et constructif, et en se comportant en enfants de Dieu. Tout ce travail éducatif est accompli en collaboration avec les familles ; ce sont même les parents de l’Opus Dei qui promeuvent des écoles, des clubs de jeunes et d’autres initiatives pour l’éducation de leurs enfants, comme cela arrive dans beaucoup de villes d’Italie.

Cette interview a été réalisée par Alfredo Tradigo pour Famiglia Cristiana. Source : http://www.ares.mi.it/index.php?pagina=primo_piano&e=524. La traduction de l’italien a été réalisée par Luca Signore.

Le livre est disponible sur didoc shop: Vivre la Sainte Messe