Les Journées Mondiales de la Jeunesse, qui auront lieu du 16 au 21 août à Madrid, en présence de Benoît XVI, sont centrées cette année sur le thème suivant : « Enracinés et fondés dans le Christ, affermis dans la foi » (cf. Col 2, 7). Le pape explique ce thème dans son message pour les JMJ 2011, que didoc.be commente en deux parties.
Le pape, à la suite de Saint Paul, nous invite à être « affermis dans la foi ». Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’est-ce que la foi ? Pourquoi certains ont-ils la foi, et d’autres pas ? La foi est-elle nécessaire ? Y a-t-il un rapport entre foi et bonheur ?
La foi est une réponse à une invitation divine et une grâce
Au n. 142, le Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC) nous livre d’emblée une première définition de la foi : « Par sa Révélation, “provenant de l’immensité de sa charité, Dieu, qui est invisible, s’adresse aux hommes comme à ses amis et converse avec eux pour les inviter à entrer en communion avec lui et les recevoir en cette communion”. La réponse adéquate à cette invitation est la foi ».
La foi est une réponse à une invitation que Dieu nous adresse à travers un événement historique : « En effet, Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).
La question de la foi ne se pose pas en termes d’utilité, d’intérêt, de rapport qualité/prix, comme lorsqu’on évalue l’opportunité d’acheter un produit ou de s’inscrire dans une association. Ce point est important, car beaucoup de jeunes demandent : à quoi sert la foi ? Qu’est-ce que cela apporte ? Quels en sont les avantages et les inconvénients ?
Le point de départ de la foi n’est pas une théorie ou une idéologie, mais un événement : Dieu s’est fait homme et, pour moi, il a versé son sang et est mort sur la Croix. C’est ce qui fait dire à Saint Paul : « je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2, 20). C’est ce qui faisait dire à un autre saint : « Si un homme était mort pour me délivrer de la mort!… — Dieu est mort. Et je reste indifférent » (Saint Josémaria, Chemin 437).
« La foi est un don de Dieu » (CEC 153). Le Catéchisme rappelle que lorsque Saint Pierre a proclamé la divinité du Christ, Jésus lui a déclaré que cette révélation ne lui est pas venue « de la chair et du sang, mais de son Père qui est dans les cieux » (Mt 16, 17). La foi est d’abord un don de Dieu, et, sans ce don, on ne peut croire. C’est pourquoi des gens illettrés peuvent avoir une vie de foi beaucoup plus intense que certains érudits.
La foi est beaucoup plus qu’une conviction intellectuelle. Aristote, par l’observation de la nature, croyait en l’existence de Dieu. Mais il n’avait pas la foi, la vraie, le don de Dieu qui donne une telle assurance que, comme les martyrs, l’on est disposé à mourir plutôt que de la trahir.
Si la foi est un don, elle est gratuite (elle est une « grâce ») et elle est pour tous, car Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 4). Si c’est Dieu qui accorde cette grâce, il suffit de la lui demander. Comme toute grâce, la foi guérit, purifie, élève notre nature, et en particulier notre raison. Comme le dit André Frossard : « La foi, c’est ce qui permet à l’intelligence de vivre au-dessus de ses moyens ».
La foi constitue notre façon habituelle de connaître
La plupart des choses que nous savons, nous les connaissons par une démarche de foi, c’est-à-dire de confiance en une source crédible. Je sais qu’existe la ville de Moscou, même si je n’y suis jamais allé, parce qu’on me dit que cette ville existe, parce que je l’ai vue à la télévision et parce qu’une série d’autres faits corroborent ce témoignage et le rendent crédible, à tel point qu’il serait ridicule de nier l’existence de Moscou. Il en va de même pour une foule d’autres vérités, que nous connaissons par une démarche de confiance en un témoignage crédible.
La foi en Dieu participe de cette façon de connaître, mais elle la dépasse également. La foi en Dieu diffère de la foi en une personne humaine pour deux raisons :
- l’autorité du témoin : Dieu, par définition, ne peut ni se tromper, ni nous tromper
- ce témoin est Amour, Il nous aime, Il prend l’initiative de se faire connaître à nous et, par sa toute-puissance, Il est capable d’infuser en nous un degré d’adhésion à sa Personne qu’aucun autre témoin n’est susceptible de susciter en nous
La foi est un acte humain
En même temps, la foi est un « acte authentiquement humain » (CEC 154), un acte qui respecte les prérogatives de l’agir humain : rationalité et liberté. D’une part, il est raisonnable de croire ou, dit autrement, la foi peut être raisonnée, et, d’autre part, nous sommes entièrement libres de croire.
L’intelligence fournit les raisons de croire ; la grâce fournit la lumière et la force pour croire, l’adhésion de la volonté et une lumière plus grande encore pour l’intelligence. C’est pourquoi Saint Anselme pouvait dire : « Je crois pour comprendre et je comprends pour mieux croire ». Dans la foi, la lumière et la force pour croire sont divines : c’est ce qui explique que la foi a ses martyrs, des personnes qui croient davantage en Dieu qu’en leur propre vie.
Une objection : « Je ne vois pas le Christ »
Ce qui, pour beaucoup, constitue une objection à la foi, pour Jésus, est un privilège : « Heureux ceux qui croiront sans avoir vu » (Jn 20, 29). Car nombreux sont ceux dans l’Evangile qui ont vu le Christ avec leurs yeux, mais n’ont pas cru ; tandis que nous, qui ne le voyons pas avec nos yeux, nous pouvons le voir avec les yeux de la foi, qui sont plus puissants, car ils participent directement du pouvoir de Dieu.
Dans son message pour les JMJ 2011, Benoît XVI rappelle que, comme la science actuelle, l’apôtre Saint Thomas voulait « toucher » le Christ, alors que nous sommes invités à le « toucher » par la foi : « Chers jeunes, apprenez à “voir”, à “rencontrer” Jésus dans l’Eucharistie, là où Il est présent et proche jusqu’à se faire nourriture pour notre chemin ; dans le Sacrement de la Pénitence, dans lequel le Seigneur manifeste sa miséricorde en offrant son pardon. Reconnaissez et servez Jésus aussi dans les pauvres, les malades, les frères qui sont en difficulté et ont besoin d’aide. Ouvrez et cultivez un dialogue personnel avec Jésus Christ, dans la foi. Connaissez-le par la lecture des Evangiles et du Catéchisme de l’Eglise Catholique. Entrez dans un dialogue avec Lui par la prière, donnez-lui votre confiance : il ne la trahira jamais ! » (n. 4).
La foi est-elle pour tous ? Est-elle nécessaire ?
Autrement dit : est-il possible de ne pas trouver la foi, quand on la cherche sincèrement ? La réponse est non : celui qui a l’occasion de connaître la doctrine chrétienne et veut vraiment avoir la foi, s’il la demande à Dieu avec persévérance, il l’obtient. Mais tout réside dans l’expression « vouloir vraiment », dans la sincérité et la cohérence de cette démarche, au plus profond de la conscience.
« Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu » (He 11, 6). La foi est nécessaire pour obtenir le salut. La foi n’est pas une question de salon ou de cercle littéraire. Elle est la question centrale de l’existence, notre vie sur terre sera un succès ou un échec selon la réponse que nous adressons à l’invitation que Dieu nous adresse : comme nous l’avons lu au début, « Dieu nous invite à entrer en communion avec lui et à nous recevoir dans cette communion » ici sur terre et pour toujours dans l’éternité, si nous répondons oui à cette invitation.
La foi est aussi la clé du bonheur, et d’un bonheur pour l’éternité : « Tu nous as fait Seigneur, pour Toi, et notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en Toi » (Saint Augustin).
Stéphane Seminckx est prêtre, docteur en médecine et en théologie.