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Donner sa pleine mesure face à l’adversité

26 novembre 2020

 

L’auteur invite les chrétiens à avoir la même sensibilité que le Christ face aux souffrances, et à puiser dans la grâce de Dieu la force nécessaire pour donner de l’espérance au monde d’aujourd’hui.

 

Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout, et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Ces mots percutants et profondément vrais ouvrent la constitution apostolique Gaudium et Spes du Concile Vatican II.

Comme si l’Eglise, Corps mystique du Christ, exprimait encore une fois le sentiment qui s’empare du cœur du Seigneur en regardant l’humanité : Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger (Mt 9, 36).

L’amour du Christ pour l’humanité et pour chaque personne humaine en particulier nous manifeste l’étendue et la profondeur de l’amour de Dieu. En devenant homme par son incarnation et en nous sauvant par sa mort sur la Croix, Jésus, le Fils de Dieu, nous a manifesté jusqu’à quel point il nous aime, jusqu’où il est prêt à aller pour chacun de nous, pour nous libérer du mal et nous faire participer à la vie divine. Par sa résurrection d’entre les morts, il scelle à tout jamais sa victoire sur le mal, nous faisant devenir enfants de Dieu et nous ouvrant le chemin de l’espérance.

L’enseignement du Christ, gardé et transmis fidèlement par l’Eglise, nous rappelle que la source de tous les maux se trouve dans le détournement volontaire de Dieu, ce que nous appelons péché. Le Christ nous apprend également la manière de retourner cette situation : faire triompher le bien sur le mal, noyer le mal dans l’abondance de bien. Avec des paroles de saint Paul, là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé (Rm 5, 20).

Au milieu des vagues et courants qui secouent le monde, notamment dans le contexte de la pandémie actuelle de la Covid-19, se mêlent chez beaucoup de personnes des sentiments d’incertitude, de désespoir, de frustration, sentiments auxquels nous, chrétiens, ne sommes pas indifférents. Nombreux sont ceux qui se demandent où se trouve Dieu et pourquoi Il permet ces malheurs.

On est tenté de répondre qu’Il se trouve là, en plein milieu de la pandémie, partageant la souffrance, l’isolement, le désespoir de tant de personnes, comme Il l’a fait sur la Croix. Et si l’on constate que Dieu n’a jamais voulu éliminer du monde le mal et la souffrance, on voit aussi qu’Il ne s’est jamais dérobé, qu’Il n’est jamais resté indifférent vis-à-vis de l’homme, qu’Il s’est toujours « retroussé les manches ».

Voilà la raison pour laquelle, au milieu de ces difficultés resplendit pour le chrétien une vérité, un point d’ancrage : nous possédons la lumière et la force — la grâce — de Dieu pour suivre l’exemple du Christ, en étant un appui pour beaucoup de personnes. Nous le savons bien, aucun d’entre nous n’a mérité ces dons de Dieu, et pour cela même chacun d’entre nous se sent appelé à diffuser le bien autour de soi, en se dépassant, en se donnant : Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement (Mt 10, 8).

Le pape François nous invite à imiter les saints, pas seulement ceux qui sont canonisés par l’Eglise, mais également ceux qu’il appelle les saints « de la porte à côté », qui se sont efforcés d’incarner l’Evangile dans leur vie quotidienne, par des gestes qui passent inaperçus aux yeux d’un grand nombre. Ces saints qui sont, pour ainsi dire, davantage « à notre portée ». Imiter leurs gestes d’amour et de miséricorde est un peu comme perpétuer leur présence dans ce monde. Et en effet, ces gestes évangéliques sont les seuls qui résistent à la destruction de la mort : un acte de tendresse, une aide généreuse, un temps passé à écouter, une visite, une parole gentille, un sourire… À nos yeux, ces gestes peuvent sembler insignifiants, mais aux yeux de Dieu, ils sont éternels, car l’amour et la compassion sont plus fort que la mort (pape François, Angélus, 1er novembre 2015 ; cf. exhortation apostolique Gaudete et Exsultate, 6-9).

Pour pouvoir incarner l’Evangile, diffuser le bien, imiter le Christ, être un appui pour les autres dans le temps présent, Dieu compte sur les spécificités de chacun de nous (nos talents, notre personnalité, nos manières de voir et de faire, et aussi nos limitations), et il est prêt à y « injecter » sa grâce pour parfaire nos actions et leur donner une dimension surnaturelle. C’est la raison pour laquelle nous devons maintenir toujours la disposition à être réceptifs à la grâce de Dieu, par la fréquentation des sacrements — dans la mesure où les restrictions sanitaires le permettent —, la prière, le service, la constance et la sportivité dans la lutte pour s’améliorer chaque jour.

La période que nous traversons, avec son lot de difficultés, est une occasion pour chaque chrétien de donner sa pleine mesure, de laisser transparaître en lui la personne du Christ, de rendre raison, par sa conduite quotidienne empreinte de piété, d’amitié et de dévouement, de l’espérance qui est en lui (cf. 1 P 3, 15).

Ce n’est pas si difficile. Souvent, il suffit de commencer. Par des actes concrets envers ceux qui nous sont les plus proches : les membres de notre famille, nos amis. Il suffit de commencer, et de fil en aiguille, s’enchaînent les manifestations de charité, d’entraide, de service, d’encouragement. Avec l’aide de Dieu, pour faire l’impossible, il suffit de commencer par ce qui est possible.

Sergio Sahli est juriste et gérant dans le secteur non-profit.