Une librairie de référence pour le lecteur chrétien Expédition dans toute la Belgique Papers sur des questions d’actualité

Le sexe avant le mariage?

9 janvier 2014

 

Healthy Visions est une association nord-américaine. Elle essaie d’aider les jeunes à prendre des décisions pertinentes sur des sujets comme la sexualité, les fiançailles ou les relations sociales. 

Face à la pression du milieu et à celle de leurs copains, bon nombre de jeunes ne se comportent pas comme ils le feraient s’ils avaient assez d’arguments et de maîtrise de soi. C’est pourquoi il est important que quelqu’un leur dise dans leur propre langage et avec une perspective positive comment agir sans se laisser entraîner par le courant. C’est ce qu’explique Carole Adlard, directrice de Healthy Visions.

Les animateurs de Healthy Visions (HV), qui sont tous des jeunes, ont présenté leurs programmes dans des écoles publiques et privées d’Ohio, l’état où ils ont leur siège. Beaucoup de jeunes ont répondu positivement (comme on peut le voir sur la page web de l’association), et en juillet dernier, un documentaire télévisé sur l’initiative a reçu un prix régional.

Nous avons interviewé Carole Adlard, fondatrice et directrice de l’initiative.

— D’après ce que vous dites, les causeries-dialogues que vous organisez dans les instituts ont pour caractéristique d’être des « conversations réelles » et d’avoir une claire orientation pratique. Qu’est ce que cela signifie ?

— Pour connecter avec les jeunes, il faut leur parler dans leur propre registre et avec leur langage. Les animateurs de HV utilisent les expressions des jeunes. En parlant « avec les jeunes » plutôt qu’« aux jeunes », ceux-ci voient l’animateur davantage comme un ami ou un mentor que comme un professeur ou un supérieur.

L’orientation pratique fournit aux jeunes un guide pour leur conduite dans la vie quotidienne. Les animateurs leur donnent des exemples concrets qu’ils peuvent comprendre. Cette perspective basée sur des cas pratiques permet aux assistants de s’imaginer dans ces situations et de penser comment ils réagiraient. Après le cas, les animateurs offrent les outils — les mots, les gestes — nécessaires pour se débrouiller dans chaque situation. Les étudiants apprennent par exemple comment mettre un terme à une relation de manière sûre et respectueuse, ou que faire quand ils sont harcelés, ou encore comment être un bon ami.

Sexualité banalisée

— Quel est le premier point pour développer une vision mûre et responsable concernant la sexualité ?

— L’auto-estime est l’axe des discussions de HV : elle est fondamentale pour les jeunes. Ceux qui en ont peu voient leur vie comme un échec. Un exemple : lorsqu’une fille ne coupe pas une relation sentimentale dans laquelle elle est maltraitée, c’est parce qu’elle pense qu’elle le mérite. Quand un garçon devient accro à l’alcool ou à la drogue, c’est parce qu’il pense qu’il ne plaira pas aux gens tel qu’il est, et il se cache. Le manque d’estime de soi conduit à des comportements dangereux.

HV dit aux étudiants qu’ils ont de la valeur, qu’ils sont importants et qu’on peut les aimer tels qu’ils sont. Quoi qu’ils aient pu traverser comme épreuve, cela restera toujours vrai. Savoir cela leur donne la confiance qui permettra par la suite de prendre les décisions pertinentes et de réfléchir correctement.

— De nos jours, une vision banalisée de la sexualité se répand ; beaucoup de séries télévisées et de films la présentent comme un simple divertissement. Comment arrivez-vous à connecter avec les jeunes et, en même temps, à leur offrir une idée plus profonde du sexe ?

— Nous essayons d’expliquer aux jeunes que la banalisation du sexe ne doit pas constituer un grand problème pour eux : comme c’est le cas dans beaucoup d’autres domaines, ce que montre l’industrie du spectacle ne correspond pas à la réalité. Premièrement, nous leur faisons prendre conscience de la réalité : le sexe sans engagement peut être nuisible, pas seulement à cause des maladies sexuellement transmissibles mais aussi à cause des « maladies de l’amour », celles qui affectent leur capacité d’aimer ou leur auto-estime ; en outre, les jeunes qui mènent une vie sexuelle active sont moins nombreux que ce que les médias tentent de leur faire croire.

Deuxièmement, nous leur expliquons que le sexe est une très bonne chose. Les étudiants aiment entendre parler de sexe ; nous profitons donc de leur enthousiasme et nous les aidons à comprendre les dangers du sexe avant le mariage.

Engagement

— Fiançailles, sexe, auto-estime : quelle relation ont ces trois dimensions dans la tête d’un jeune d’aujourd’hui ?

— Nous essayons de démasquer l’idée qu’amour et sexe sont synonymes. Pour cela, nous expliquons que quelqu’un qui t’aime vraiment n’admettra pas de t’utiliser sexuellement. Notre premier message est l’abstinence : attendre jusqu’au mariage. Il n’y a que dans le contexte d’un engagement total, où chaque personne reconnaît sa dignité et celle du couple, que le sexe trouve sa place naturelle et fortifie le couple.

— A quel moment et de quelle manière les parents doivent-ils parler de sexe à leurs enfants ?

— Le moment est difficile à déterminer ; on est tenté de dire « quand c’est opportun », mais cela dépend de chaque situation. Cependant, généralement, les enfants ont besoin d’en entendre parler un peu avant l’année scolaire où ils atteignent 12-13 ans, ou dans le courant de cette année-là. Quand ils rentrent dans l’année suivante, la majorité des copains fanfaronnent déjà prétendant tout connaître à propos du sexe. Il vaut donc mieux parler de la question avant pour qu’ils connaissent la réalité. Parfois, les élèves plus jeunes — des trois années scolaires précédentes — sont déjà capables de tirer profit d’une telle conversation.

La meilleure manière de parler du sujet est de profiter d’une situation où l’on peut discuter calmement, comme durant un long voyage. La conversation peut être un peu tendue, mais les temps de silence servent pour que le jeune puisse poser les questions qui lui sembleraient embarrassantes dans un autre contexte. La conversation doit garder un ton naturel et, si possible, lui donner l’occasion d’expliquer ce qu’il a entendu ou ce qu’il sait déjà sur le sexe.

« Si seulement je ne l’avais pas fait »

— Dans le climat actuel, on aurait tendance à dire que les adolescents ont perdu toute inhibition ou la moindre honte par rapport au sexe. Est-ce vraiment ainsi ?

— Non. En fait, nombreux sont ceux qui, après coup, ont honte de leurs relations sexuelles. La grande majorité des jeunes sexuellement actifs avec lesquels HV est entré en contact souhaiterait avoir attendu. S’ils pouvaient effacer ces expériences, ils le feraient volontiers. Les raisons sont variées : ils ne sortent plus avec la personne en question, ils ont été plus loin qu’ils ne l’auraient souhaité, ils n’étaient pas totalement conscients de ce qu’ils faisaient, ils avaient bu, etc… Malgré le fait que les médias les incitent à faire l’expérience de leur sexualité comme si de rien n’était, le cœur et la conscience de l’être humain ne mentent pas. Et l’expérience en question devient une partie d’eux-mêmes : elle ne peut être effacée.

— Pour quelles raisons et jusqu’à quand conseillez-vous aux étudiants d’attendre avant d’avoir des relations sexuelles ?

— Le « jusqu’à quand » est simple : jusqu’au mariage. Cela s’applique à tous les étudiants pour le simple fait qu’en général tous (même ceux qui ont des tendances homosexuelles) désirent se marier un jour. De plus, le sexe précoce favorise les maladies sexuellement transmissibles et peut conduire à des grossesses non désirées. En revanche, le mariage minimise le risque de contagion et offre les conditions propices pour élever un enfant. Les risques émotionnels sont aussi plus grands en dehors du mariage. Le sexe trouve sa place quand il y a un engagement pour toute la vie entre deux personnes.

— Le message d’Healthy Visions s’appuie-t-il d’une certaine manière sur la doctrine chrétienne ?

— Nous sommes d’accord avec la conception chrétienne qui comprend le sexe comme une bonne chose, car elle fait partie de la création de Dieu. Dieu désire que les hommes le vivent dans la joie à l’intérieur du mariage. Nos discussions incluent des éléments de l’explication chrétienne et renforcent sa logique ; mais pour maintenir notre présence dans les écoles non confessionnelles, nous devons employer des thèmes, des vérités et des données universels qui visent notre façon de comprendre le sexe, pas la doctrine concrète du christianisme.

Ce texte a été publié par Aceprensa sous le titre « Beaucoup de jeunes ont honte de leurs expériences sexuelles précoces ». Source : http://www.aceprensa.com/articles/muchos-jovenes-se-averguenzan-de-sus-experiencias-sexuales-prematuras/. Il a été traduit de l’espagnol par Carine Therer.