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Pour une union homosexuelle civile?

17 juin 2013


Certains organes de presse ont prêté récemment au cardinal Danneels des propos ambigus. A les croire, le cardinal serait partisan d’une union homosexuelle civile spécifique, à condition de ne pas l’appeler mariage. Cette formule est évoquée ici et là comme une solution élégante, une belle preuve d’ouverture d’esprit, qui sauvegarderait en même temps le vrai sens du mariage.

 

Ces questions ont été soulevées à l’occasion des récentes manifestations en France contre la loi Taubira, sur le mariage homosexuel.

Dans un autre article repris sur didoc, Mgr Tony Anatrella, prêtre et psychanaliste, spécialisé dans les questions du gender et de l’homosexualité, consulteur des Conseils pontificaux pour la Famille et la Santé, précise d’emblée : « La seule solution qui pourrait éventuellement être envisagée (…) est non pas une union civile comme certains politiques le suggèrent car en fait elle ressemblerait à un mariage-bis comme le Pacs, mais un contrat de biens passé devant un notaire et qui serait ouvert à tous. Le mariage étant réservé exclusivement à l’alliance fondée entre un homme et une femme ».

On peut comprendre que des personnes qui vivent ensemble entendent se mettre d’accord sur certaines questions, comme par exemple la propriété, l’usage ou le legs de biens patrimoniaux. Mais cela n’a rien à voir avec la reconnaissance, par l’Etat, d’une union civile entre personnes homosexuelles. Une telle union soulèverait différents problèmes :

  • ce serait reconnaître le bien-fondé de ce type spécifique de communauté de vie, ce qui est précisément tout l’enjeu du débat : est-il salutaire pour la société — et pour sa cellule fondamentale, qui est la famille — de reconnaître et de promouvoir officiellement l’union homosexuelle, en l’élevant à un rang comparable à celui du mariage (a fortiori en instaurant un soi-disant « mariage homosexuel ») ?
  • ce statut pourrait constituer une discrimination pour d’autres personnes qui vivent ensemble, comme un frère et une sœur par exemple, ou un père veuf et âgé, vivant avec son fils, ou des personnes âgées qui partagent un même logement. Ces personnes ne pourraient bénéficier des avantages de ce statut, n’ayant pas de comportement homosexuel entre elles. Les personnes mariées risquent également d’être discriminées au cas où ce statut allouerait plus de droits aux « couples » homosexuels qu’aux personnes mariées, ou au cas où il comporterait moins d’exigences que celles du mariage.

Mgr Léonard a repris ce raisonnement à son compte, comme en témoignent les propos récents de son porte-parole, Jeroen Moens. Voici un extrait d’un article de LifesiteNews, répercuté par Belgicatho : « (…) la position de l’archevêque est qu’“il n’y a rien contre des conventions civiles entre deux personnes concernant leurs biens”. “Il est permis d’avoir un accord entre deux personnes, quelles qu’elles soient. Ceci n’entraîne ni union civile ni mariage. Tout un chacun est libre d’établir une convention quelconque concernant ses biens” Il peut s’agir, souligna-t-il, d’“une convention entre tout genre de personnes, mais ce n’est ni une ‘relation’ ni un mariage. Une tante peut établir une convention avec sa nièce, un prêtre avec une personne de confiance” en vue de disposer de leurs biens et d’en organiser l’usage.

Moens avait dit au Tijd [un des journaux belges qui ont publié récemment des déclarations du cardinal Danneels sur cette question] qu’aux yeux de l’Eglise, le mariage surgit “dans la complémentarité de l’homme et de la femme. Une telle complémentarité est impossible entre deux personnes de même sexe” (…) Moens a dit à LifesiteNews : “Ni le cardinal ni l’archevêque ne sont en faveur d’unions civiles homosexuelles” ».

Ces considérations rejoignent ce que disait déjà la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dans un document de 2003, signé par le cardinal Ratzinger : « Lorsqu’on est confronté à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles, ou au fait d’assimiler juridiquement les unions homosexuelles au mariage, leur donnant accès aux droits qui sont propres à ce dernier, on doit s’y opposer de manière claire et incisive. Il faut s’abstenir de toute forme de coopération formelle à la promulgation ou à l’application de lois si gravement injustes, et autant que possible ne pas coopérer matériellement à leur application. En la matière, chacun peut revendiquer le droit à l’objection de conscience ».

Stéphane Seminckx est prêtre, Docteur en Médecine et en Théologie.