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Les dons du Saint-Esprit

7 mai 2013

A la Pentecôte, Jésus nous envoie son Esprit. Par la grâce et les dons que la troisième Personne de la Sainte Trinité nous accorde, nous pouvons nous identifier pleinement au Christ, le Fils éternel du Père.

 

Le Seigneur, qui nous a aimés jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1), ne s’est pas contenté de nous offrir sa vie, ce qui est déjà la marque suprême de l’amour (cf. Jn 15, 13). Dans l’Eucharistie, Il nous donne littéralement sa vie, en nous offrant son Corps et son Sang (ainsi que Sa Parole, dans la liturgie de la Parole). Sur la croix, Il nous a donné ce qu’il avait de plus cher sur la terre, sa propre Mère. Il a permis que son Cœur soit transpercé, pour livrer tout ce qu’il contient, le sang et l’eau, figure de l’Eucharistie et du Baptême, et, avec eux, de tous les sacrements. A l’Ascension, il a élevé notre condition humaine jusqu’à la droite du Père, où siège maintenant Jésus, vrai Dieu et vrai homme.

Enfin, à la Pentecôte, Jésus nous communique son Esprit : « le Consolateur, l’Esprit-Saint, que mon Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 26). L’Esprit nous enseigne et nous communique la plénitude de la charité et de la vérité.

Les dons du Saint-Esprit sont comme le vent qui souffle dans les voiles du bateau de notre existence. Ils nous permettent d’aller plus vite et plus loin dans notre identification au Christ. Autrement dit, dans la vie chrétienne, nous n’en sommes pas réduits à ramer, c’est-à-dire à compter sur nos seules forces humaines.

La crainte de Dieu

Les dons du Saint-Esprit sont habituellement présentés selon une hiérarchie. La crainte de Dieu est le premier et le plus élémentaire, si l’on peut dire. Elle nous rend dociles à Dieu, sensibles et accueillants à sa Parole. La crainte de Dieu n’est pas la « crainte mondaine » : la peur de déplaire au monde qui nous entoure, le souci du « qu’en dira-t-on ? », qui paralyse tant de gens aujourd’hui. Elle n’est pas non plus la « crainte servile » : une espèce de terreur devant un dieu vengeur, celui des religions primitives, qu’on ne connaît pas et dont on veut apaiser la colère par des sacrifices.

Ce don suscite en nous la crainte filiale, c’est-à-dire la crainte de tout ce qui pourrait nous écarter de l’Amour de Dieu, et donc aussi l’horreur du péché. Car ce dernier est vraiment la seule chose à craindre, ici sur terre : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut perdre l’âme et le corps dans la géhenne » (Mt 10, 28).

La crainte de Dieu nous invite aussi à l’humilité, à une saine défiance vis-à-vis de nous-mêmes : ne pas nous prendre trop au sérieux, ne pas penser que nous savons tout, ne pas décider seul de notre vie. Elle est aussi défiance de ce qui, dans le monde matériel, nous attire et nous détourne de Dieu. Elle nous incline à la tempérance, à l’usage modéré des biens de ce monde.

La piété

La piété est le don par lequel nous reconnaissons Dieu pour notre Père. Elle suscite en nous la confiance, la tendresse, l’abandon des enfants : « Je vous le dis, en vérité, qui ne recevra pas comme un petit enfant le royaume de Dieu, n’y entrera pas » (Mc 10, 15). La piété nous aide aussi à vivre le quatrième commandement, à savoir le respect et l’amour des parents et des supérieurs. Elle nous fait découvrir le motif ultime de la charité : « En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).

La piété nous apprend à prier : « De même aussi l’Esprit vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas ce que nous devons, selon nos besoins, demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même prie pour nous par des gémissements ineffables » (Rm 8, 26). Elle nous apprend aussi à vivre la véritable prière de demande, qui n’est jamais une revendication personnelle mais ressemble plutôt à une forge où notre volonté s’identifie à la volonté de Dieu.

La science

Le troisième don est celui de science. Il nous apprend à mieux connaître les choses créées, mais en tant que chemin vers Dieu. De fait, toute la création proclame la grandeur et la gloire du Créateur : « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament annonce l’œuvre de ses mains » (Ps 19, 2). Avec le don de science, nous pouvons aussi discerner dans les choses qui nous entourent celles qui nous rapprochent de Dieu et celles qui nous en éloignent.

Il aide à découvrir ce « quelque chose de saint, de divin, qui se cache dans les situations les plus ordinaires » et qu’il appartient « à chacun de nous de découvrir » (Saint Josémaria, homélie « Aimer le monde passionnément »). Avec le don de science, on apprend réellement à sanctifier les réalités les plus courantes. On évite aussi de s’attacher de façon désordonnée aux réalités terrestres, en discernant leur véritable finalité.

La force

Le don de force d’âme perfectionne la vertu humaine du même nom. Juste avant l’Ascension, Jésus promet aux disciples la force qui vient du Saint-Esprit : « Et voici que je vais envoyer sur vous ce qui a été promis par mon Père. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une force d’en haut » (Lc 24, 49).

Le don de force repose paradoxalement sur la conscience de notre faiblesse : c’est alors que Dieu peut agir. Saint Paul l’exprime dans une formule célèbre : « c’est quand je suis faible que je suis fort » (2 Co 12, 10).

La force n’est pas la brutalité, ni le fait de réaliser de grands exploits. Elle se vérifie bien plutôt dans la constance, la persévérance à faire le bien, la résistance dans l’épreuve ou la tentation, l’ambition de vivre l’héroïsme dans les petites choses de la vie de tous les jours, à se donner continuellement aux autres, à être un homme ou une femme déterminés : « Il est très important, tout à fait important, d’avoir une grande et très déterminée détermination de ne pas s’arrêter jusqu’à arriver à la sainteté, quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe, quoi qu’il faille travailler, même s’il y a des murmures, même si l’on atteint notre but ou que l’on meure en chemin ou que l’on n’ait pas le cœur à faire les travaux qu’il y a sur ce chemin, même si le monde s’écroule » (Sainte Thérèse d’Avila, Chemin de perfection, 21, 2).

Le conseil

Par le don de conseil, l’Esprit-Saint nous inspire et nous guide. Il perfectionne la vertu de prudence. Ce don est particulièrement nécessaire à ceux et celles qui guident et orientent les autres dans leur vie spirituelle.

Il y a beaucoup de situations dans la vie où nous ne savons pas très bien quoi dire ou quoi faire : « Lorsqu’on vous livrera, ne vous préoccupez ni de la manière dont vous parlerez, ni de ce que vous aurez à dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même. Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10, 19-20).

Le don de conseil nous aide à agir toujours avec une conscience droite. Ce don, l’Esprit-Saint nous l’accorde par une voie classique, qui est celle de la direction spirituelle, et par la voie encore plus simple de la prière : « Ne prends aucune décision, sans d’abord examiner la question en présence de Dieu » (Saint Josémaria, Chemin, n. 266).

L’intelligence

« Quand le Consolateur, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous guidera dans toute la vérité » (Jn 16, 13) : l’Esprit-Saint nous accorde aussi le don d’intelligence, qui nous permet d’arriver à une compréhension plus profonde des choses divines, de la révélation. C’est la raison pour laquelle il y a des personnes sans instruction qui comprennent beaucoup mieux les réalités de la foi que certains grands théologiens. Par l’intelligence, nous percevons mieux les mystères tels que l’Eglise, l’Eucharistie, etc. Et ce que nous avons peut-être déjà lu ou entendu cent fois acquiert une toute nouvelle clarté à nos yeux.

L’intelligence facilite la contemplation de Dieu dans la vie ordinaire. Nous pouvons correspondre à ce don en favorisant en nous le recueillement, la maîtrise de notre regard et de notre imagination : « Mais l’homme non spirituel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est par l’Esprit qu’on en juge » (1 Co 2, 14).

La sagesse

Finalement, il y a le plus grand de tous les dons du Saint-Esprit : la sagesse. Lorsque Dieu offrit à Salomon de lui demander ce qu’il voulait, le roi d’Israël pria le Seigneur de lui accorder le don de la sagesse, et cette demande plut à Dieu (cf. 1 R 3, 10).

La sagesse est intimement liée à l’Amour : elle est une connaissance liée à l’amour, à la possession de Dieu (un peu comme la connaissance qu’on a d’un fruit quand on l’a en bouche). Elle donne paix et sérénité, car elle permet de voir les choses comme Dieu les voit. En ce sens, la sagesse surpasse le don d’intelligence.

« La sagesse vaut mieux que les perles, et il n’est pas de joyau qui lui soit comparable » (Pr 8, 11). « Je l’ai préférée aux sceptres et aux trônes, et à son prix j’ai tenu pour rien les richesses (…). Tout l’or n’est auprès d’elle qu’un peu de sable, et l’argent, à son regard, doit être estimé comme de la boue. Je l’ai aimée plus que la santé et la beauté ; j’ai préféré la posséder plutôt que la lumière, car l’éclat dont elle rayonne n’a pas de relâche. Avec elle me sont venus à la fois tous les biens (…), car la sagesse les dirige ; j’ignorais pourtant qu’elle en était la mère (…). Elle est pour les hommes un trésor inépuisable, et ceux qui en usent obtiennent l’amitié de Dieu » (Sg 7, 8-14).

Le 9 mai 2014 a été publiée une suite à cet article: Les fruits du Saint-Esprit.

Stéphane Seminckx est prêtre, docteur en médecine et en théologie. Ce texte est inspiré de méditations de la série Parler avec Dieu de François Carvajal (éditions Le Laurier, Paris 1993, Tome III-Pâques). Cet article a fait l’objet d’un ajout le 9-5-14.